UKRAINE* : GUERRE FRATRICIDE OU RETOUR DE LA GUERRE FROIDE ?
Le 21 février, Vladimir Poutine reconnaissait les républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk (Donbass) et ordonnait à ses troupes d’y entrer ; enfin le 24, celles-ci franchissaient la frontière et envahissaient l’Ukraine.
Il va de soi que ceci constitue une violation du droit international que nous ne saurions approuver, même si ce dernier avait déjà été piétiné à Chypre (par la Turquie), en Serbie (par l’Otan), en Palestine (par Israël), en Afghanistan, Syrie, Irak, Libye (par les USA et leurs alliés), en Arménie (par l’Azerbaïdjan) pour ne citer que les conflits les plus proches.
Certes, la Russie avait en 2014 annexé la Crimée, mais celle-ci avait été rattachée artificiellement (tout comme le Donbass) à l’Ukraine sous le régime soviétique ; donc il était naturel qu’elle revienne dans son giron. Pourquoi Poutine jusque-là fin stratège (Tchétchénie, Syrie, Géorgie, Kazakhstan…) a‑t-il franchi le Rubicon ?
En 1991, la chute de l’empire soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie furent vécues comme une humiliation, d’autant plus que les tentatives de rapprochement avec l’Occident furent méprisées.
En 1997, il avait été convenu que l’Otan, sous l’égide des USA, ne s’étendrait pas aux portes de la Russie ; or, ce fut l’inverse qui se produisit (adhésions des Pays baltes, Pologne, Hongrie, Slovaquie, Tchéquie, Roumanie, Bulgarie), suscitant méfiance et peur de l’encerclement. De plus, l’Ukraine suite à la « révolution orange » de 2004, commença à s’éloigner de la « mère-patrie », et les accords de Minsk (2015) prévoyant l’autonomie des républiques du Donbass et la neutralité de Kiev ne furent jamais appliqués ; au contraire, les combats incessants contre les russophones firent depuis près de 15 000 morts.
Les USA et ses vassaux européens ne cessant de pousser leur avantage, l’Ours russe est sorti de sa tanière ne pouvant supporter que Kiev berceau de la « Rous » (au Moyen-Âge) puisse passer à l’ennemi.
Ainsi, la guerre est survenue et ses conséquences seront dramatiques pour le peuple ukrainien et les relations entre Moscou et l’Europe, les USA de l’évanescent Biden tirant, une fois de plus, les marrons du feu.
Sans doute, l’armée russe vaincra, mais le risque est grand d’une victoire à la Pyrrhus en cas de résistance acharnée. Devant cet immense gâchis, on ne peut que souhaiter la fin de ces combats fratricides et le retour à une paix durable. Fini, pour longtemps le rêve caressé d’un axe Paris-Berlin-Moscou supplantant celui de Washington-Tel-Aviv et d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural : nous ne pouvons que déplorer cette opportunité historique manquée !
Ce conflit a toutefois eu le mérite de révéler la faiblesse politique et militaire de l’Europe qui ne peut que pousser des cris d’orfraie et brandir la menace de sanctions économiques et financières qui n’arrêteront pas le rouleau compresseur russe. À quelque chose malheur serait bon si le Vieux Continent prenait enfin conscience d’une nécessité d’un retour aux frontières, à la défense de notre civilisation contre l’islam et le grand remplacement, à l’indépendance et à la puissance ; bref, à la reconquête.
Bernard Brès
* Voir à ce sujet, la brillante analyse de Bruno Mégret sur le site Polémia « En Ukraine, à qui profite le crime ?»