Châteaurenard (13) – 31/08/13 – Discours de Roland Curtet, Université d’été 2013
Le sujet de l’immigration est invoqué depuis de nombreuses années par le camp national comme une des causes principales des difficultés de notre pays. Pourtant, il ne semble pas que nos hommes politiques au pouvoir en aient beaucoup tenu compte. C’est pourquoi, sous la présidence socialiste, il nous paraît utile de remettre encore une fois le sujet sur le tapis.
Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l’étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. À l’inverse, certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers. Les populations étrangère et immigrée ne se confondent pas totalement : un immigré n’est pas nécessairement étranger et réciproquement, certains étrangers sont nés en France (essentiellement des mineurs). La qualité d’immigré est permanente : un individu continue à appartenir à la population immigrée même s’il devient français par acquisition. A noter que cette conception correspond bien à ce que ressent la population : on voit bien que bon nombre de » nouveaux Français » ayant acquis notre nationalité, ne se sentent nullement attachés à notre pays.
Rappelons tout d’abord, dans ses grandes lignes, l’histoire de l’immigration en France.
L’histoire de l’immigration en France depuis la fin du XIXème siècle peut être divisée en trois vagues successives: La première vague est caractérisée par l’afflux de main d’œuvre lors de la révolution industrielle. La deuxième vague est caractérisée par le besoin de main d’œuvre pour reconstruire la France à la fin de la première guerre mondiale. La troisième vague est caractérisée par l’arrivée d’immigrants faisant suite à la décolonisation, à partir des années 1960.
De la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, afflux de main d’œuvre
Deuxième partie du 19ème siècle
De 1850 à 1900, tandis que le reste de l’Europe triple presque sa population, celle de la France n’augmente plus : c’est la première explication du flux migratoire au début du vingtième siècle. Partout on manque de bras, à la campagne comme en ville ; les pays voisins sont les principaux fournisseurs de main d’œuvre (Italie, Belgique, Espagne et Suisse principalement, Pologne pour le recrutement de mineurs dans le Nord). Bien entendu, cette immigration n’est en rien comparable à celle que nous subissons actuellement, car elle vient de pays européens et chrétiens.
1914 – 1918
Pendant la Première guerre mondiale, par le biais du ministère de l’Armement, sont recrutés des travailleurs Nord-Africains, des Indochinois et des Chinois.
1917 – 1939
Développement sans précédent de l’immigration (Polonais, Tchécoslovaques) avec l’apparition d’une immigration politique (Russes, Arméniens, Allemands, Italiens, Espagnols).
Loi du 10 août 1932 (gouvernement Édouard Herriot, du parti radical)
En pleine crise de 1929, la loi du 10 août 1932 protégeant la main d’œuvre nationale est votée par l’Assemblée nationale française. Elle fixe un quota de 10 % de travailleurs étrangers dans les entreprises privées. Ce quota est de 5 % lorsqu’il s’agit d’entreprises publiques. On voit que les politiciens de l’époque étaient plus libres que ceux de maintenant à propos de l’immigration.
1945 à 1955
L’immigration étrangère en France reste encore marginale.
1956 à 1972
L’immigration s’accélère avec la décolonisation et l’entrée en vigueur au 1er janvier 1958 du traité de Rome (instaurant le principe de libre circulation des personnes).
Les années 1960
L’immigration des années 60 a introduit une profonde diversification des sources de recrutement : déclin progressif de l’immigration italienne au profit de l’immigration espagnole surtout après l’accord franco-espagnol de 1961, explosion de l’immigration portugaise après l’accord franco-portugais de 1963, reprise importante de l’immigration marocaine après l’accord de 1963 et développement de l’immigration tunisienne, développement très marqué de l’immigration algérienne après la fin de la guerre (1954–1962) et début de l’immigration africaine sub-saharienne à partir de 1964.
À partir de 1974
Fin des 30 glorieuses, mise en place théorique d’une politique de contrôle des flux migratoires.
Voici une revue des principales décisions ou déclarations d’intention concernant l’immigration
5 juillet 1974 (présidence Giscard d’Estaing)
Sur proposition d’André Postel-Vinay, nommé à la tête du Secrétariat d’État aux travailleurs immigrés, le gouvernement français décide de suspendre l’immigration des travailleurs et des familles, sauf pour les ressortissants de la Communauté européenne. L’immigration des travailleurs reste suspendue jusqu’en 1977, l’immigration des familles est à nouveau autorisée dès 1975.
Mais, en 1976, un coup de poignard est donné dans le dos de la France, avec le regroupement familial : le duo Giscard/Chirac transformait radicalement la nature de l’immigration. Ce qui était jusqu’alors une immigration de travail devint, d’un trait de plume, une immigration de peuplement. Il n’y eut même pas, pour ce qui devait changer le visage de la société française, de débats à l’Assemblée nationale, ni de loi votée par les députés. Non, un simple décret y suffit (Ministère de l’intérieur, 30 août 2012 : Le regroupement familial permet à un ressortissant étranger régulièrement installé en France (le « demandeur »), d’être rejoint par les membres de sa famille (conjoint et enfants mineurs).
17 juillet 1984 (gouvernement Mauroy)
Loi sur le titre unique de séjour et de travail, votée à l’unanimité. Elle reconnaît le caractère durable de l’installation en France de la population immigrée et dissocie le droit au séjour d’avec l’occupation d’un emploi.
Septembre 1986 (Mitterrand président, mais Chirac premier ministre)
Publication, au Journal officiel, de la loi du 9 septembre 1986, relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France. Elle rend aux préfets le droit de prononcer la reconduite à la frontière des étrangers en situation irrégulière ; elle rétablit le régime de l’expulsion tel qu’il existait antérieurement à1981 ; elle restreint la liste des étrangers qui obtiennent de plein droit une carte de résident et celle des étrangers protégés contre les mesures d’éloignement du territoire.
Octobre 1986
Le 18, expulsion vers le Mali de 101 Maliens en situation irrégulière. Protestations du PS, de la CGT, d’organisations de défense des droits de l’homme, approbation du Front national. Le 20, déclaration de M. Charles Pasqua, ministre de l’intérieur, rappelant que « La loi s’applique à tous » et annonçant de nouvelles mesures de reconduite à la frontière ; le même jour, protestation du Mali qui affirme ne pas avoir été informé par les autorités françaises. Les 23 et 31, manifestations, à Paris, à l’appel notamment du MRAP, de la Ligue des droits de l’homme et de SOS-Racisme.
20 octobre 1986
Réunion, à Londres, des ministres de l’intérieur de la CEE notamment sur le contrôle de l’immigration clandestine ; déclaration de M. Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité, dénonçant les abus du droit d’asile.
7 janvier 1988
Remise à Jacques Chirac, Premier ministre, par Marceau Long, vice-président du Conseil d’État et président de la commission de la nationalité, du rapport « Etre Français aujourd’hui et demain » qui formule une série de propositions pour une réforme du Code de la nationalité visant notamment à faciliter l’acquisition de la nationalité française pour les jeunes de 16 à 21 ans, nés en France de parents étrangers et y résidant depuis au moins cinq ans, en exigeant d’eux une « déclaration individuelle, personnelle et simplifiée ».
Janvier 1989 (gouvernement Michel Rocard)
Pierre Joxe, ministre de l’intérieur, annonce la signature de quatre circulaires assouplissant les conditions de séjour des étrangers en France (notamment la régularisation de la situation des conjoints de Français, des parents étrangers d’enfants français, des jeunes étrangers majeurs).
25 septembre 1991 (gouvernement Édith Cresson)
Présentation en Conseil des ministres d’un projet de loi renforçant la lutte contre le travail clandestin et contre l’organisation de l’entrée et du séjour irréguliers d’étrangers en France.
17 mars 1998 (présidence Chirac, gouvernement Jospin)
Publication au JO de la loi du 16 mars 1998 relative à la nationalité, permettant aux enfants nés en France de parents étrangers de demander la nationalité française dès 13 ans avec l’autorisation de leurs parents, et dès 16 ans sans cette autorisation.
27 juin 2000
Rapport de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance, organe du Conseil de l’Europe qui invite la France à réviser son « modèle républicain égalitaire » en raison des discriminations rencontrées notamment par les jeunes issus de l’immigration (accès à l’emploi, au logement et aux lieux publics, comportement des forces de police).
Juin 2005
8 juin – à l’Assemblée nationale, Dominique de Villepin, premier Ministre, souligne la nécessité de lutter contre l’immigration irrégulière afin de parvenir à une » immigration choisie. »
9 juin – Lors d’une convention de l’UMP sur l’immigration, Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur souhaite une » immigration choisie plutôt que subie » et demande au gouvernement et au Parlement de fixer annuellement, » catégorie par catégorie « , le nombre de personnes admises à s’installer en France.
10 – 11 juillet 2006
Réunion de la 1ère conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement à Rabat (Maroc), avec la participation de ministres de nombreux pays d’Europe et d’Afrique, Adoption d’un plan d’action prévoyant notamment la mise en place de systèmes efficaces de réadmission des émigrants entrés illégalement en Europe, le renforcement de la coopération judiciaire et policière ainsi que des incitations financières et fiscales pour que les diasporas africaines participent au développement de leur pays d’origine.
24 juillet 2006 (gouvernement de Villepin)
Promulgation de la loi relative à l’immigration et à l’intégration visant à « passer d’une immigration subie à une immigration choisie ». Pour atteindre cet objectif le projet de loi durcit les conditions du regroupement familial, principale source d’une immigration considérée comme » subie « , ainsi que le contrôle des mariages mixtes et conditionne l’obtention d’une carte de séjour » salarié » à l’existence d’un contrat de travail et à l’obtention préalable d’un visa long séjour. Pour aller vers » l’immigration choisie « , une forme de sélection de la main d’œuvre est prévue : des » listes de secteurs tendus où les employeurs pourront faire appel à des étrangers » doivent être établies. De plus est instituée une carte » compétence et talents » valable trois ans et renouvelable, pour faciliter l’accueil des étrangers dont » le talent constitue un atout pour le développement et le rayonnement de la France « . Le principe de la régularisation systématique après 10 ans de présence sur le territoire est supprimé.
Combien y a‑t-il d’immigrés en France ?
L’INSEE, dans son étude » Immigrés et descendants d’immigrés en France « , publiée en octobre 2012, évalue les immigrés à 5,3 millions, et à 6,7 millions les descendants d’immigrés, ce qui fait donc un total de 12 millions de personnes d’origine étrangère, soit 18 % du total des 65 millions d’habitants de la France .
» Jusqu’en 1975, les migrations résultent principalement des mutations économiques et géopolitiques. Après 1975, la part des immigrés dans la population s’est d’abord stabilisée autour de 7,5 % tandis que s’opérait une diversification des origines, avant d’augmenter à nouveau (8,4 % en 2008). Le développement de l’immigration familiale favorise la constitution d’une population de descendants d’immigrés. »
L’évolution des nationalités des immigrants doit être observée
Selon l’INED (Institut national d’Études démographiques), entre 1994 et 2008, le nombre d’immigrants africains a crû de 161 %, leur part passant de 29,1% à 42,9%. Le nombre d’immigrants asiatiques a crû de 142 %, leur part passant de 11 % à 15 % (dont + 776 % pour les Chinois). Ainsi, non seulement l’immigration continue, mais, pour une grande part, elle est d’origine non-européenne.On a donc affaire à une modification en profondeur de notre population.
Les Roms : ces dernières années, on parle beaucoup des problèmes de sécurité posés par l’implantation des Roms. Ils seraient 15 000 selon les associations qui les soutiennent, beaucoup plus selon Claude Guéant. Certes, ils sont peu nombreux par rapport aux immigrants africains, mais ils s’y ajoutent…
Le ministère de l’Intérieur a rendu publiques, jeudi 28 mars 2013, ses statistiques annuelles sur l’immigration. Quelque 193 600 personnes ont obtenu le droit de séjourner en France en 2012. Soit peu ou prou le même nombre qu’en 2011.
En termes de « stock », le nombre d’étrangers résidant en France avec une carte de séjour était, en 2012, de 2,5 millions : soit 70 000 de plus qu’en 2011. Parmi eux, 1,7 million avaient une carte de dix ans, la durée la plus longue.D’après les grandes tendances que donnent à voir les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur,l’immigration économique reste, elle, très faible : autour de 16 000 personnes, soit 8 % du flux global. Elle accuse même une baisse de 5,1 % en 2012, due à « la conjoncture économique », estime le ministère de l’intérieur. Une baisse constante depuis 2008 – à l’exception de l’année 2011.
L’immigration familiale pour sa part, qui concerne pratiquement la moitié des entrées, confirme sa tendance à la hausse, régulière depuis 2008. Entre 2011 et 2012, elle a encore progressé de 6,9 %. Cette hausse est en partie liée à l’augmentation du regroupement familial – soit le fait que des étrangers fassent venir leurs proches en France. Alors que celui-ci était en baisse régulière depuis 2008, il est reparti à la hausse en 2012 (+ 9,5 %).
Avec quelque 16 000 entrées en 2012, il reste toutefois dans des proportions nettement plus faibles que l’immigration familiale liée à ce que l’on appelle les « conjoints de Français », soit quelque 52 000 personnes en 2012 (+ 6,2 % par rapport à 2011).
Les naturalisations ont de leur côté considérablement baissé en 2012 du fait des critères mis en place par l’ancien ministre de l’intérieur Claude Guéant. Les acquisitions de la nationalité française ont chuté au total de 16,5 % entre 2011 et 2012, en passant de 114 000 à 96 000.
Les naturalisations par mariage sont restées relativement stables, mais ce sont celles par « décret » qui ont vraiment baissé (- 30 %), en passant de 66 000 à 46 000 entre 2011 et 2012. La majorité de ces naturalisations, comme chaque année, sont le fait d’étrangers originaires de pays d’Afrique (65 000).
Malheureusement, ces chiffres devraient repartir à la hausse en 2013, Manuel Valls ayant annoncé son intention d’assouplir les critères d’obtention. La nationalité française étant considérée comme un facteur « d’intégration ».
Au fil des ans, quelques tentatives ont été faites, de temps à autre, pour limiter l’immigration
23 février et 15 septembre 1972 (présidence Georges Pompidou, gouvernements Chaban-Delmas puis Messmer)
Signature des circulaires « Marcellin » (ministre de l’intérieur) – « Fontanet » (ministre du travail) subordonnant la politique de recrutement des travailleurs étrangers à la situation de l’emploi en liant l’autorisation de séjourner en France à la détention d’un emploi : la perte de l’emploi impliquant la perte de la carte de séjour.
1977 (présidence Giscard d’Estaing, gouvernement Raymond Barre)
Mise en place d’une aide au retour volontaire : une prime de retour de 10 000 francs (le « million Stoléru »).
1978
Mise en place d’un mécanisme de retours organisés et forcés d’une partie de la main d’œuvre étrangère installée jusque-là régulièrement, et parfois depuis longtemps en France. L’objectif affiché est le retour de 500 000 étrangers. Les États du Maghreb sont particulièrement visés par ces mesures étalées sur 5 ans, notamment l’Algérie.
10 janvier 1980
Promulgation de la loi « Bonnet » relative à la prévention de l’immigration clandestine. Elle rend plus strictes les conditions d’entrée sur le territoire ; elle fait de l’entrée ou du séjour irréguliers un motif d’expulsion au même titre que la menace pour l’ordre public.
15 octobre 1980
Le 14, M. Lionel Stoléru, secrétaire d’État auprès du ministre du Travail et de la Participation (Travailleurs manuels et immigrés) affirme, à Metz (Moselle), qu’il n’est plus questions d’accueillir un seul étranger en France » ; le 15, ces propos sont condamnés par les syndicats CGT et CFDT et par la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI). Comme d’habitude, on peut se demander comment les syndicats comptent défendre les travailleurs français.
L’Humanité, 6 janvier 1981
Georges Marchais : « En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes (…). La cote d’alerte est atteinte. (…) C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration. Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français. Quand la concentration devient trop importante (…), la crise du logement s’aggrave. »
10 décembre 1989
Interview sur Antenne 2 et Europe 1 de François Mitterrand, président de la République. En matière d’immigration, le président estime que le seuil de tolérance a été atteint dans les années 1970.
7 janvier 1990
Dans son allocution de clôture à la Rencontre Nationale des élus socialistes originaires du Maghreb, Michel Rocard, Premier ministre déclare : « nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde ».
Dix ans après avoir quitté l’Élysée, Valéry Giscard d’Estaing avait livré, dans le Figaro Magazine du 21 septembre 1991 des réflexions de fond dans un article intitulé « Immigration ou invasion »). En voici un extrait :
« [Le] déplacement dans l’origine des immigrés exprime une modification de la nature socio-économique de l’immigration. Bien que dans cette matière sensible il faille manipuler les mots avec précaution, en raison de la charge émotionnelle ou historique qu’ils portent, ce type de problème actuel auquel nous aurons à faire face se déplace de celui de l’immigration (« arrivée d’étrangers désireux de s’installer dans le pays ») vers celui de l’invasion (« action d’entrer, de se répandre soudainement », selon la définition donnée par Littré). »
Dans ce texte, il préconisait même de revenir au droit du sang. mesure qu’il qualifiait de « traditionnelle » dans l’histoire du droit de la nationalité.
5 février 1992
Publication du rapport du Haut Conseil à l’intégration sur les « conditions juridiques et culturelles de l’intégration », traitant notamment des contradictions existant entre la culture et le droit d’origine des immigrés et ceux de la France.
18 juin 2008
Adoption par le Parlement européen du projet de directive sur le retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier, dite « directive retour », validé par les ministres de l’intérieur des 27 États membres de l’Union européenne. Il prévoit l’organisation du retour volontaire ou contraint des étrangers en situation irrégulière dans leur pays d’origine ou un pays tiers, avec la possibilité d’un enfermement des personnes concernées pouvant atteindre 18 mois, une interdiction possible du territoire de l’Union européenne pendant 5 ans.
31 mars 2010
Présentation en Conseil des ministres par Eric Besson, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire d’un projet de loi relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité. Le texte prévoit la transposition de 3 directives européennes : sur les conditions d’entrée et de séjour des immigrés pour un emploi hautement qualifié, sur les sanctions à l’encontre des employeurs de main d’œuvre sans papier et sur les conditions de retour des immigrés en situation irrégulière. Il entend faciliter les reconduites à la frontière.
Août 2013
Tout récemment, Manuel Valls, ministre de l’intérieur, a déclaré que la poussée démographique va « obliger d’ici à dix ans à repenser notre politique migratoire » et que « la question du regroupement familial pourrait être revue », au grand dam de ses collègues socialistes. Il serait temps, en effet, de se préoccuper de ces questions…
Cependant,il est facile de se rendre compte que la classe politique, dans son ensemble, ne souhaite pas réellement freiner l’immigration. Pour le prouver, donnons-ici quelques citations de personnalités et quelques décisions : François Mitterrand, dès sa nomination à la présidence, dira que « les étrangers sont chez eux, chez nous ».
Bernard Stasi, homme politique du centre, vice-président du CDS publie en Janvier 1985 un ouvrage intitulé L’immigration, une chance pour la France, en faveur d’un « métissage culturel », d’une politique d’insertion des immigrés et du respect du « droit à la différence ». Notons au passage que l’auteur était fils d’un Catalan et d’une Cubaine, qu’il était petit-fils d’étrangers, et qu’il avait dû faire une demande officielle pour obtenir la nationalité française à ses 18 ans.
9 mai 1985
Recommandation du Parlement européen en faveur d’une participation à la vie publique au niveau communal et régional, dans leurs pays d’accueil, des immigrés d’origine extra-communautaire ; adoption d’un projet de « statut communautaire des travailleurs migrants ».
19 avril 1991
Arrêt du Conseil d’État qui indique que les immigrés doivent bénéficier de la Convention européenne des Droits de l’homme dans les cas où celle-ci est plus libérale que la législation française et impose notamment des limites aux conditions d’expulsion des étrangers.
1er Octobre 1999
Un article d’Alain Juppé dans le journal Le Monde, développe l’idée que l’Europe « va avoir besoin d’apports de main d’œuvre étrangère ».
22 octobre 2001 (présidence Chirac, gouvernement Jospin)
Par circulaire du 22 octobre 2001, Élisabeth Guigou, ministre de l’emploi et de la solidarité, abroge la condition de nationalité jusque-là exigée pour les postes à responsabilité de la Sécurité sociale.
Septembre 2002 (présidence Chirac, gouvernement Raffarin)
La RATP décide d’ouvrir ses emplois statutaires à toutes les nationalités dans le cadre de la lutte contre les discriminations. Après la concertation avec les organisations syndicales, l’élargissement des embauches à la RATP est avalisée par le ministre des transports, Gilles de Robien.
Compte tenu de ces deux dernières mesures, comment peut-on prendre au sérieux les hommes politiques, de gauche ou de droite, quand ils prétendent lutter contre le chômage ?
Février 2003
Adoption par l’Union européenne (Le conseil des ministres) d’un texte sur le droit au regroupement familial, qui constitue la première directive sur l’immigration légale depuis que ce sujet fait partie des compétences européennes.
Juillet 2006
dans son Livre/Programme, Nicolas Sarkozy écrit : » je pense que les français attendent une France d’après (…), une France où l’expression » français de souche » aura disparu. »
Janvier 2007
Ségolène Royal, lors d’un meeting aux Antilles, déclare : » Le métissage, je le dis ici, est une chance pour la France. Je serai la présidente de la France métissée et qui se reconnaît comme telle. »
Il y a de plus des pressions extérieures : en juillet 1999, le général Wesley Clark, ancien commandant en chef de l’OTAN, déclare sur CNN :
« Il ne doit plus y avoir de place en Europe pour des peuples non métissés. Les peuples non mélangés appartiennent aux idées périmées du XIXème siècle ».
Et des pressions « souterraines » (rassemblement Maçonnique International de Strasbourg, 2–3 juin 2007). Jean-Michel Quillardet, Grand Maître du Grand Orient de France : « Pour nous l’Europe, ce n’est pas une fin, c’est une étape vers un monde sans frontières et ce n’est pas un continent, c’est une idée, une certaine conception de l’homme… »
Bien sûr, quand on parle d’immigration, il faut aussi parler des clandestins, qui, par définition, sont très difficiles à compter. Mais ils ont droit à l’Aide médicale d’État, qui leur permet d’être soignés gratuitement, et favorise donc une augmentation du nombre de clandestins.
Il y a, certes, des études sur l’immigration en France, mais, compte tenu de l’ambiance générale, il convient de les examiner avec attention et circonspection.
Ainsi, pour Philippe Manière, ancien directeur général de l’Institut Montaigne (débat télévisé consacré à l’immigration sur France 3 le 5 décembre 2012), notre « petit flux d’immigration est non significatif » ; il parle de « flux migratoire extrêmement ténu, le plus ténu des pays de l’OCDE ». Pour le consultant Jean-Paul Gourévitch, « la population d’origine étrangère résidant en France s’accroît au rythme de 0,15% par an » (soit environ 100.000 par an). Ces affirmations sont fausses. Elles minorent gravement la réalité. Jean-Yves Le Gallou en apporte la démonstration (3 janvier 2013) :
« Selon les recensements partiels de l’INSEE, il y avait 3.771.000 étrangers en France en 2009 au lieu de 3.338.000 en 1999, soit 443.000 de plus en 10 ans, soit 44.000 de plus par an. Dans le même temps, de 1999 à 2009, 1.427.000 étrangers ont acquis la nationalité française et disparu des statistiques comme étrangers. Toujours durant la même période (31 décembre 1999 au 31 décembre 2009), 236.000 étrangers sont décédés (environ 4% du total des décès). Le nombre des étrangers nouveaux s’élève donc à 443.000 + 1.427.000 + 236.000 soit 2.160.000, soit 216.000 par an, soit 0,325% de la population, plus du double de l’estimation de Jean-Paul Gourévitch. »
Problème de la natalité
Les statistiques de naissances 2011 de l’INSEE, selon le pays de naissance des parents, sont éclairantes : sur 823.000 naissances, 604.000 proviennent de deux parents nés en France (Français de souche, ou venus des Dom, ou immigrés de deuxième ou de troisième génération) soit 75%. Pour le quart des naissances, les deux parents ou l’un des deux est né à l’étranger : pour 191.000, soit 87%, de ces 219.000 naissances, l’un des deux parents ou les deux parents sont nés hors Union européenne. L’évolution du nombre des naissances de 1998 à 2011 est aussi éclairante : lorsque les deux parents sont nés en France, le nombre des naissances augmente de 2%, lorsque l’un des deux est né en France de 13%, lorsque les deux sont nés à l’étranger de 38%.
Yves-Marie Laulan
Yves-Marie Laulan est démographe, économiste et géopoliticien. Il enseigna à l’ENA, aux universités Dauphine et Paris 2. Il fut également président du comité économique de l’Otan.
En 2011, il a donné les indications suivantes :
Le taux de fécondité de la population française » de souche » avoisine celui de la Grande-Bretagne, à 1,6 enfant par femme. Celui des Maghrébins en France est de 2,7 et celui des Noirs d’origine africaine, 4,2. (…) 18% des jeunes de moins de 20 ans à l’échelle nationale sont originaires de l’Afrique noire, du Maghreb et de Turquie. Dans 30 ans nous aurons passé la barre des 50%.
Falko Baumgartner
Politologue allemand (Les quatre vérités, 31/07/2013),
donne les indications suivantes, à partir d’une source médicale :
« Géographiquement, la France se trouve en Europe, mais démographiquement, le pays se glisse rapidement vers l’Afrique, comme des données récentes nous l’indiquent.
Depuis 2000, le pays mène un programme national de dépistage de la drépanocytose, une maladie génétique, propre, pour la plupart, aux peuples non-européens. Pourtant, en raison de l’immigration du Tiers Monde, elle est devenue la maladie génétique la plus répandue dans la France d’aujourd’hui.
Les auteurs de l’étude médicale eux-mêmes ne laissent pas de doute sur ce qu’ils considèrent comme la cause principale de la montée de la drépanocytose. Ils l’attribuent, carrément, à la hausse de l’immigration africaine ou, pour les citer : « le résultat de la croissance de la population dans les régions afro-antillaises des DOM, et maintenant de l’immigration essentiellement de l’Afrique du Nord et de l’Afrique subsaharienne en France métropolitaine. »
Guillaume Faye (juillet 2013)
« Depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir, depuis 2012, la politique du laxisme immigratoire s’est encore aggravée, comme avec les clandestins sans-papiers et les autres catégories. Le nombre des demandeurs d’asile s’installant et demandant une régularisation s’est accru de 73 % depuis 2008. La France terre d’asile et d’accueil ou terre d’invasion et de colonisation ? Avec 61.000 demandes en 2012, dont 14.000 acceptées, la France est la deuxième destination européenne des demandeurs d’asile. Ceux qui sont déboutés resteront : ils savent qu’on n’osera pas les expulser surtout s’ils arrivent avec des enfants. Évidemment beaucoup d’entre eux plongent dans l’économie souterraine et les trafics en tout genre. Ils espèrent une régularisation.
Tous ces pseudos réfugiés savent qu’ils pourront compter sur un réseau associatif ultra minoritaire mais ultra actif (France Terre d’Asile, Cimade, lobbies cathos de gauche, etc.) dont l’immigrationnisme est l’idéologie centrale.
Dans mon essai Mon Programme, je suggère que le droit d’asile soit purement et simplement supprimé ; et seulement réservé à quelques cas de persécution avérés. Selon la législation de la plupart des pays du monde » (source : J’ai tout compris).
À la suite de Guillaume Faye, on peut ajouter d’autres pistes :
Programme du MNR
Il faut procéder sans faiblesse à l’expulsion systématique et immédiate de tous les clandestins pour éviter que ne se créent des situations de fait qui conduisent ensuite à des drames humains. Si un clandestin est expulsé quelque temps après son arrivée, cela ne pose pas de problème. Si on l’expulse dix ans après son installation, alors qu’il a fondé une famille, cela devient humainement difficile. C’est en réalité le laxisme des politiciens qui crée des situations inextricables et le manque de fermeté qui est une source d’inhumanité et d’injustice.
Le regroupement familial au pays
Le MNR veut interrompre le regroupement familial ou plutôt en modifier totalement le principe. Actuellement, un travailleur immigré installé légalement en France peut, sous certaines conditions, faire venir sa famille dans notre pays. Pour ce qui le concerne, le MNR, très attaché aux valeurs familiales, maintiendra le regroupement familial, mais en inversera le sens. Ceux des immigrés qui désirent ne pas se séparer de leur famille seront invités à la rejoindre là où elle réside. Le regroupement familial en France ainsi arrêté sera remplacé par le regroupement familial dans le pays d’origine.
La carte de séjour
Pour ce qui est des étrangers en situation régulière déjà présents en France, ils devraient être jugés en fonction de leur capacité à s’assimiler. Pourquoi en effet renouveler la carte de séjour de ceux qui ne s’intègrent pas, qui ne travaillent pas et qui posent problème ?
Réformer le code de la nationalité
Enfin, la voie pour devenir français devrait, dans le même esprit, être limitée à ceux qui apportent la preuve de leur assimilation. Il conviendrait de revoir en conséquence le code de la nationalité.
Aussi le MNR veut-il simplifier et clarifier le code de la nationalité pour en revenir au seul droit commun, c’est-à-dire celui de la filiation : est français tout enfant né de père ou de mère français. Toutes les autres procédures, notamment celles liées au droit du sol, seront supprimées, à l’exception de la naturalisation. Dans ce cadre, la nationalité française pourra être accordée à un étranger sous quatre conditions impératives. Que l’intéressé en ait expressément fait la demande. Qu’il mérite la faveur qu’il sollicite, ce qui implique qu’il n’ait pas de casier judiciaire. Qu’en outre il démontre sa volonté et sa capacité de s’assimiler à la population française. Enfin, qu’il soit accepté par la communauté nationale : comme dans un mariage, la naturalisation exige un consentement réciproque.
La préférence française
Pour rendre toute leur valeur à la nationalité française et à l’appartenance à la civilisation européenne, le MNR veut instaurer la préférence nationale et européenne et pour cela en inscrire explicitement le principe dans la constitution. Les emplois, de même que les logements HLM, seront réservés en priorité aux nationaux et aux Européens. Quant aux allocations familiales, aux aides sociales et au RSA, ils seront versés aux seuls Français et ressortissants de l’Union européenne. Nous savons que de telles mesures seraient pratiquement impossibles à appliquer dans le cadre actuel. C’est pourquoi il serait crucial que la droite nationale arrive au pouvoir.
A ce propos, rappelons que la préférence nationale a existé pendant des décennies pour le droit de vote ou pour l’accès aux emplois de la fonction publique.
Les pauvres du tiers monde aidés chez eux
Ces mesures doivent s’accompagner d’un programme d’aide et de coopération à l’égard des pays en voie de développement. En clair, le Mouvement national républicain veut que la France aide les pauvres du tiers monde, mais il veut qu’elle le fasse sur leur sol et non chez elle.
Conclusion
La situation de l’immigration est grave pour la France. Cependant, des mesures de bon sens pourraient améliorer la situation, pour peu que les hommes politiques en aient la volonté. Il est évident aussi que la situation économique pourrait être grandement améliorée, compte tenu du poids colossal de l’immigration en termes de coût (60 à 70 milliards d’euros par an selon l’économiste Yves-Marie Laulan qui s’est livré à une étude approfondie de cette question). Mais, comme le dit celui-ci » Le gouvernement ignore volontairement nos travaux parce qu’il ne veut pas que les Français sachent la vérité. »